Intelligence artificielle et éducation : mais où sont donc les enseignants ?

Depuis quelques années, l'intelligence artificielle (IA) est au cœur des débats, mais de nombreuses questions restent en suspend à ce sujet. On s'interroge notamment sur de possibles applications à même d'améliorer l'apprentissage et les résultats scolaires. Afin d'en savoir plus, Melissa Bond et Olaf Zawacki-Richter ont récemment conduit une revue systématique des dernières études publiées sur le sujet.

Notre revue s'est intéressée aux articles de recherche publiés entre 2007 et 2018. Nous nous sommes concentrés sur le sujet de l'IA dans le contexte de l'enseignement supérieur. Ce choix a en partie été dicté par le peu de recherches menées dans le primaire et le secondaire. Nos conclusions restent cependant pertinentes pour tout le système éducatif.

Les articles analysés dans notre revue ont été classés selon quatre catégories principales :

1. profilage et prédiction (p. ex. réussite et abandon des étudiants),
2. contrôle et évaluation (p. ex. notation automatisée),
3. systèmes adaptatifs et personnalisation (p. ex. utiliser les résultats académiques pour suivre et guider les étudiants), et
4. systèmes de tutorat intelligent (p. ex. identification des points forts et évaluations automatisées).

Un certain nombre d'exemples positifs d'utilisation de l'IA dans le domaine de l'éducation ont été identifiés par ces études. Elles ont néanmoins montré que l'utilisation de l'IA est moins adaptée dans les classes aux effectifs plus réduits, caractéristiques de l'enseignement primaire et secondaire. En effet, les ordinateurs doivent être « entraînés » pour évaluer avec justesse, et pour cela, ils ont besoin de très nombreux échantillons de texte. En outre, des études ont révélé que la notation automatisée ne se prête pas à tous les types d'écrits. Il conviendrait donc d'examiner avec soin les tâches pouvant être confiées à l'IA.

Notre étude note également que très peu d'articles de recherche sur l'utilisation de l'IA dans le domaine de l'éducation ont été écrits par des enseignants (8,9 %). La majorité des auteurs sont des spécialistes de l'informatique ou des STIM. Dans ce contexte, on peut légitimement s'interroger sur l'ampleur du travail de réflexion pédagogique mené sur l'utilisation pertinente de l'IA.

Nous encourageons donc fortement les enseignants à s'intéresser aux débats touchant à l'IA. Cela passe, entre autres, par la création de liens avec l'enseignement supérieur, pour s'assurer que les recherches futures soient davantage guidées par la pédagogie et fassent des étudiants et des considérations éthiques des priorités. Nous encourageons également les enseignants à mener eux-mêmes des recherches qui pourraient servir à nourrir la réflexion, apporter un autre éclairage, mais aussi bénéficier aux étudiants.

Consultez ici les résultats de l'étude.

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Melissa Bond (@misc_nerd) est doctorante et associée de recherche. Le Dr Olaf Zawacki-Richter (@Zawacki_Richter) est professeur de technologies de l'éducation. Ils travaillent tous les deux à l’université Carl von Ossietzky d'Oldenbourg (Allemagne) et sont membres du Center for Open Educational Research (COER).